Un artiste est né :
J'avais
des prédispositions à l'art mais je n'en avais pas vraiment
conscience dans la famille analphabète dont j'étais
issu.
En
1969, au terme de 4 ans de formation à la pédagogie,
mon parcours tracé était d'enseigner ce que j'ai fait
d'abord à l'école primaire puis en secondaire en tant
que professeur de dessin.
Ses prédispositions
pour l'art vont le conduire à suivre l'enseignement des Arts
Décoratifs de Thies.
Je
croyais que j'allais peindre. En fait formé à la tapisserie,
j'étais déçu et me formais tout seul à
la peinture, achetant mon propre matériel de peintre.
Au terme
de 22 ans passé aux Manufactures de tapisserie de Thies, Mouké
monte son propre atelier : l'atelier Araignée.
En 1996,
Mouké participe à la Biennale de Dakar et obtient le
grand prix des arts.
Connu
pour la tapisserie, ne peignant plus réellement depuis 4 ans,
Mouké se remet alors en question.
Il rejette
l'idée d'être catalogué dans une catégorie,
un support.
Le Moukeïsme :
Les prémisses
de son uvre actuelle remontent à 1973.
J'ai
reproduit en peinture une photographie de Jimmy Hendrix en introduisant
des fils sur la toile. Déjà, à cette période,
je faisais des expériences diverses. Je travaillais la céramique,
le fer par exemple.
Je fréquentais les expositions dans la perspective de trouver
ce que je cherchais : quelque chose de nouveau, que l'on ne voyait
pas aux expositions.
En 1999,
Mouké décide de ne faire des tapisseries que sur commande.
Il cherche sa place dans la peinture.
Mouké
crée le Moukeïsme.
Les
différents courants artistiques tels cubisme et surréalisme
viennent de l'occident. Aucun courant n'est jamais venu d'Afrique.
Ma
technique, le Moukeïsme est l'expression d'une symbiose entre
la peinture, la sculpture et la tapisserie.
L'artiste dans le monde
:
Je
ne me sens pas artiste africain mais plutôt africain artiste.
L'artiste est pour moi un modèle de société.
Il a un message à faire passer : celui d'amener à plus
d'humanisme, plus de communion.
Enquête sur la
création :
Mouké
n'a pas de thème de prédilection.
Ses inspirations sont l'universel, l'humanisme.
Mouké
créée sans projeter quelle sera l'uvre finale,
exprimant quelque chose qui ne le serait ni par la pensée ni
par l'écriture.
Lorsque je créée, je me sens médium de la
création artistique, manipulé par une force qui me manipule
à sa guise, que je ne maîtrise pas. Lorsque je trouve
un titre à une uvre, ce n'est qu'un prétexte.
L'expression
qui émane de l'uvre n'est qu'un aperçu de ce qui
est en moi, que ce soit une représentation figurative ou non.
Il
y a longtemps que j'ai cessé de comprendre suivant le précepte
de Picasso : " Je ne cherche pas, je trouve."
L'art
est pour Mouké un champ sans fin, citant la phrase de Malraux : "
Il y a un absolu que je n'arrive pas à joindre, cela, l'art
me permet de m'en approcher. "
Pour
Mouké, l'absolu est le créateur, l'esprit divin et lui ne se
sent que médium par rapport à la création divine.
J'ai
toujours lorsque je créée la forte sensation de peindre.
Le premier jet de peinture communique la suite. Chaque action détermine
la suivante. Il appartient à l'uvre de me dicter sa loi.
Je me soumets. "
Il
faut prendre mes uvres comme des " poésies graphiques
". Chacun trouve dans mon uvre ce qu'il a à y trouver.
Propos
recueillis par : Sylvie Le Gall à Dakar ( Sénégal
) - Juillet 2002
Illustrations de la page : Oeuvres de Mouké
- Photographies de Sylvie Le Gall sauf photo 1
Photo 1 / " Bagne Gathie ou les raisons d'une vie"
1996
Grand Prix du Président de la République pour les Arts
180 cm x 250 cm
Photo
2 / " Enigme "
Moukeisme
35 cm x 60 cm
Photo
3 / " D'Azur "
Moukeïsme
120 cm x 80 cm
Pour
en savoir plus sur l'artiste :
Le
Curriculum Arte