Un artiste est né
:
Déjà
en bas âge, Ibrahima créait.
Il vivait
à Kaolack et au collège il manifesta son désir
de suivre une éducation artistique.
Son frère aîné avait déjà tracé
la voie : il étudiait aux Beaux-Arts à Paris. Son père
aurait préféré pour son cadet des études
plus " sérieuses " et par exemple une carrière
de magistrat.
Ibrahima
insiste et sera auditeur libre pendant deux ans apprenant le dessin,
la peinture et les arts décoratifs. Au terme de ces deux années,
il suivra l'atelier de recherche plastique dirigé par Pierre
Lods.
Après
une première exposition, Ibrahima embrasse la carrière
d'enseignant. Mais l'art est pour lui un goût. Il veut progresser
dans sa carrière artistique. Son père le soutient alors.
Et c'est à ce moment là, à 28 ans, libéré,
qu'Ibrahima a vraiment l'audace d'entrer dans le milieu artistique.
Expression humaine et harmonie des couleurs
:
Mon
apprentissage, mes recherches sur l'expression humaine, je les commençais
avec des cachets de pomme de terre. Je créais des figures,
que je coloriais à la fin.
Pierre Lods notera chez Ibrahima dès le début :
" un goût perceptible pour l'harmonie des couleurs".
Je
savais créer une atmosphère, des tonalités différentes
à partir d'une même couleur, des dégradés
colorés tout en utilisant le noir et le blanc.
Le long cou :
Au cours
d'un workshop de deux semaines, Ibrahima est amené à
utiliser du papier kraft : support plus long que large. Ces personnages
aux longs cous sont issus de cette expérience.
Le
long cou est un signe d'élégance, de royauté,
de noblesse
Ici, en Afrique, l'individu aime se faire remarquer. L'individu mute
en quelque sorte : il s'aménage un rôle, une personnalité
faîte d'apparences.
Mes personnages mutent ainsi, essayent d'acquérir des lettres
de noblesse
C'est un discours sur le faux et le vrai chez l'être
humain, à la noblesse que je mets en rapport avec la psychologie.
Un discours sur l'humain :
Les
personnages
d'Ibrahima ont un regard heureux. Ils sont chargés d'émotion.
Sous une communion apparente, derrière ce regard heureux, plus
de psychologie amènera à trouver derrière ces
personnages des ombres
Ibrahima
a un discours universel, manichéen, sur le vrai et le faux,
le bien et le mal.
Notre
culture africaine traditionnelle se limite à une certaine réflexion
sur le bien et le mal. Elle condamne le mal sans le reconnaître
ne donnant le droit de voir le mal que pour aller vers le bien.
Ibrahima
a travaillé également sur le métissage et cela
pendant plusieurs années.
Intéressé par ses teints en tant qu'artiste, Ibrahima
dit constater que chez les couples mixtes les couleurs de peau changent
: le noir devient plus blanc et inversement. Les enfants eux prennent
des caractères chez les deux parents.
Propos
recueillis par : Sylvie Le Gall à Dakar ( Sénégal
) - Juillet 2002
Illustrations de la page : Oeuvres d'Ibrahima Kebe -
Photographies de Sylvie Le Gall
Photo 1 / "La fille et le pagne"
Acrylique sur toile
125 x 100 cm
Photo
2 / "Retrouvaille"
2000
Acrylique sur toile
100 x 160 cm
Pour en savoir plus sur l'artiste :
Le
Curriculum Arte
La présentation lors de
l'exposition " Portraits du Sénégal" de Ars
Ante Africa
La présentation lors de l'accrochage
" One day in the life of Africa " de Ars Ante Africa