Nomadisme culturel :
Interview de Yacouba Touré - Octobre 2001 ( 1/3 )

Sommaire de l'interview :

Un artiste est né ( 1/3 )
En quête de création
( 1/3 )
L'artiste dans le monde de l'art contemporain ( 2/3 )
Enquête sur la création ( 3/3 )
Le rapport à la matière ( 3/3 )
La genèse de l'oeuvre ( 3/3 )


Un artiste est né …


Yacouba Touré dit Yak est né le 28 juin 1955 à Mankono en Côte d'Ivoire.Yak aurait voulu se souvenir des premiers instants.Yak est à la recherche de ce moment qu'il n'a pas connu, pense à cet instant, s'interroge …

En quête de création …

De l'autre côté …

Yak se souvient de ce long voyage qu'il avait fait à l'âge de 3 ans d'Abidjan à Monbakala ( en Côte d'Ivoire ) pour rejoindre son père, militaire.
Il pleuvait pendant ce voyage.

Yak se pose la question : qu'y a t-il de l'autre côté ? derrière la pluie, derrière la naissance ?

Sous la pluie, j'ai la sensation d 'évoluer dans un autre monde, dans un monde clos mais pas tout à fait clos … Il est possible de voir le monde à travers cette vitre, un monde imaginaire.

Le mystère des choses :

A l'origine c'est la quête de l'inconnu qui sous tend ma création. Ma quête porte vers l'homme, l'origine des choses.

Je suis émerveillé devant le mystère des choses.

Je me souviens quand j'avais 7 ou 8 ans de la fête des indépendances à Abakala en Côte d'Ivoire où j'avais été lors d'un déplacement de mon père.
Il y avait des masques N'Golo … Je me souviens d'un masque qui venait danser au-dessus de moi.
Le " visage " de ce masque avait quelque chose de divin, de surnaturel, de mystérieux.
J'étais émerveillé devant ce visage mi-clos.
Une présence presque divine animait la cité.
Je n'ai jamais retrouvé la trace de ses masques.

Je recherche ce qui est mystérieux.
Même parmi les choses identifiables, ma quête permanente est le mystérieux, en dehors de l'espace temps.

Dans mon travail, je tends à faire transparaître le spirituel même si je me tourne vers un sujet comme la guerre.

Aller plus près des choses :

J'aime aller dans la profondeur des choses d'où ma curiosité.

J'aimerai parler comme un enfant, être plus près des choses avec cette pureté qu'a l'enfant.

Un jour j'ai rencontré un sculpteur qui n'avait pas été à l'école. Il parlait au plus près des choses.

L'ancrage :

Cette quête du mystérieux vient de mon vécu, pas uniquement de mes rapports à l'Afrique.
Et cela même si l'Afrique porte en elle une grande force spirituelle et de choses fortes liées au mystère.

A un moment donné, j'ai été amené à rechercher cette spiritualité liée à l'Afrique.
A vingt ans, juste après mes études et dans la perspective du groupe Vohou - Vohou, j'ai eu envi de trouver un ancrage dans le terroir et la tradition. Aux Beaux-arts, au même moment, la tendance était plutôt inverse : celle de se tourner vers l'extérieur, vers l'Occident.

En tant que futur peintre, j'ai pris conscience à ce moment de mon rôle, de ma culture, culture correspondant à un besoin.

Aujourd'hui j'ai évacué cette idéologie. J'ai d'autres préoccupations, d'autres horizons.
Mais je ne regrette pas cette étape : elle m'a permis d'avoir une base, de mettre les pieds sur terre, de clarifier mes idées, de m'ouvrir des portes et notamment lors de l'écriture du Manifeste du Vohou.
Cette étape fut importante pour moi.

   

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