Un
artiste est né
Yacouba Touré dit Yak est né le 28 juin 1955 à
Mankono en Côte d'Ivoire.Yak aurait voulu se souvenir des premiers
instants.Yak est à la recherche de ce moment qu'il n'a pas
connu, pense à cet instant, s'interroge
En
quête de création
De
l'autre côté
Yak se
souvient de ce long voyage qu'il avait fait à l'âge de
3 ans d'Abidjan à Monbakala ( en Côte d'Ivoire ) pour
rejoindre son père, militaire.
Il pleuvait pendant ce voyage.
Yak se
pose la question : qu'y a t-il de l'autre côté ? derrière
la pluie, derrière la naissance ?
Sous
la pluie, j'ai la sensation d 'évoluer dans un autre monde,
dans un monde clos mais pas tout à fait clos
Il est
possible de voir le monde à travers cette vitre, un monde imaginaire.
Le
mystère des choses :
A l'origine
c'est la quête de l'inconnu qui sous tend ma création.
Ma quête porte vers l'homme, l'origine des choses.
Je suis
émerveillé devant le mystère des choses.
Je me
souviens quand j'avais 7 ou 8 ans de la fête des indépendances
à Abakala en Côte d'Ivoire où j'avais été
lors d'un déplacement de mon père.
Il y avait des masques N'Golo
Je me souviens d'un masque qui
venait danser au-dessus de moi.
Le " visage " de ce masque avait quelque chose de divin,
de surnaturel, de mystérieux.
J'étais émerveillé devant ce visage mi-clos.
Une présence presque divine animait la cité.
Je n'ai jamais retrouvé la trace de ses masques.
Je recherche
ce qui est mystérieux.
Même parmi les choses identifiables, ma quête permanente
est le mystérieux, en dehors de l'espace temps.
Dans
mon travail, je tends à faire transparaître le spirituel
même si je me tourne vers un sujet comme la guerre.
Aller
plus près des choses :
J'aime
aller dans la profondeur des choses d'où ma curiosité.
J'aimerai
parler comme un enfant, être plus près des choses avec
cette pureté qu'a l'enfant.
Un jour
j'ai rencontré un sculpteur qui n'avait pas été
à l'école. Il parlait au plus près des choses.
L'ancrage
:
Cette
quête du mystérieux vient de mon vécu, pas uniquement
de mes rapports à l'Afrique.
Et cela même si l'Afrique porte en elle une grande force spirituelle
et de choses fortes liées au mystère.
A un
moment donné, j'ai été amené à
rechercher cette spiritualité liée à l'Afrique.
A vingt ans, juste après mes études et dans la perspective
du groupe Vohou
- Vohou, j'ai eu envi de trouver un ancrage dans le terroir et
la tradition. Aux Beaux-arts, au même moment, la tendance était
plutôt inverse : celle de se tourner vers l'extérieur,
vers l'Occident.
En tant
que futur peintre, j'ai pris conscience à ce moment de mon
rôle, de ma culture, culture correspondant à un besoin.
Aujourd'hui
j'ai évacué cette idéologie. J'ai d'autres préoccupations,
d'autres horizons.
Mais je ne regrette pas cette étape : elle m'a permis d'avoir
une base, de mettre les pieds sur terre, de clarifier mes idées,
de m'ouvrir des portes et notamment lors de l'écriture du Manifeste
du Vohou.
Cette étape fut importante pour moi.