Ecritures, Janvier 2002 :
Textes de présentation des artistes

Sommaire :

Sokey Edorth
Mahmoud Gafsia
Claire Galopin
Bers Grandsinge
Ange Martial Méné
Vincent Niamien


Sokey Edorth, le grand maître des écritures

Artiste togolais, grand maître des écritures, Sokey Edorth donne naissance à une écriture qui parle à toute l'humanité.

" Sur la peau des murs il trouve des signes, sur les poteries des symboles, sur le squelette des arbres à la saison sèche les tables des lois des civilisations, dans les paysages infinis les lettres d'un alphabet ancien. Tous ces signes parlent … Il va les isoler, les déchiffrer, les apprendre et dans cette langue ancienne redécouverte, écrire sa vision de l'univers. Pierre Loos - 2000. "

L'écriture est signe, symbole et idéogramme universel … Ecritures nées de traces : traces sur les murs, traces de la main de l'homme ou du temps qui passe sur les objets et les choses …

Sokey Edorth l'exprime ainsi :
"En grattant la matière nous nous découvrons une âme profonde.
Aller de la plus banale apparence aux suggestions les plus nobles.
Il faut restituer l'âme de la terre.

La terre est aux hommes bienveillants.
Je ressuscite les Dieux par des actes francs.
Une termitière de la poussière aux pieds du marcheur solitaire, tout cela a un sens dans l'imaginaire.
Ce sens, il faut que je le décode sur ma toile.

Je travaille sur les signes utilisés à travers l'Afrique pour les pousser vers un alphabet de symboles et d'idéogrammes universels."

Sokey Edorth, artiste aux écritures, proche du langage du monde et de la nature utilise comme pigment la latérite, riche en nuances et symbole de l'origine de toute vie : la terre.

Article de Sylvie Le Gall



Mahmoud calligraphie

Écriture et calligraphie sont loin d'être des synonymes, mais les grandes civilisations nous ont montré à quel point elles étaient inséparables, qu'elles s'engendraient l'une l'autre.
Les œuvres de Mahmoud Gafsia, que nous présentons aujourd'hui, s'inscrivent dans la grande tradition de la calligraphie arabe visuellement, mais aussi spirituellement. Nous pourrions également dire qu'elles s'inscrivent dans la tradition non moins grande de la miniature, par son souci du détail, par l'importance donnée à chaque trace. Pour autant, ces œuvres n'ont rien de traditionnelles, profondément contemporaines, elles réécrivent la culture lui permettant ainsi de renouveler sa vitalité.
Dans ces œuvres la calligraphie est au service de l'image, elles en font de cette manière glisser le sens - d'autant plus ici, à Paris, où peu d'entre nous seraient capable de la déchiffrer. Si le sens des mots, des phrases vient à se perdre, c'est qu'ils ne sont que des repères nous donnant accès à une autre sensibilité appartenant elle au regard, ils nous mènent dans un autre type d'émotion. La fidélité de Mahmoud Gafsia à la calligraphie n'est pas seulement présente dans la représentation de la lettre ; la série est un élément important de sa démarche et elle est inhérente à la calligraphie. Celle-ci offre par nature, via un nombre de signes, de symboles limités, des émotions toujours différentes, un ensemble de possibilités infinies. Ainsi, nous sommes face à une série cohérente d'œuvres produites par l'utilisation d'un nombre limité de moyens, dont chacune d'entre elles porte un sens ayant déjà glissé, étant déjà différent de celui des autres œuvres.

Article d'Annabelle Boissier

Lire l'article La calligraphie selon Mahmoud de Olivia Marsaud publié sur Afrik.com


Claire grave des écritures …

Artiste céramiste française, Claire Galopin invente des formes , construire, assembler et fait de ces céramiques des œuvres d'art uniques, œuvres d'écritures.

Elle travaille sur terre crue. La forme doit être simplifiée à l'extrême pour laisser à la terre toute sa force.

Elle ponce, lustre et grave pour magnifier la matière, révéler le toucher.
Claire Galopin grave des écritures, des mots sur la matière, sur la terre : mots sur le temps, la mémoire ou l'humain.

Elle travaille la terre à la plaque ou aux colombins. Suivent deux cuissons à 1000 ° .

Curriculum Arte en quelques mots :

Formation :

1994 Formation de Décor Céramique

1981 - 1986 Diplôme de Concepteur Graphiste à l'Ecole Supérieur d'Art Graphiste ( Paris )

Parcours artistique :

Depuis 1994, Claire Galopin expose dans de nombreux lieux en France, à Paris et en Province : Marché de la Création, Carroussel du Louvre …


Bers écrit …

Artiste plasticien d'origine congolaise ( Kinshasa ) vivant en Belgique, Bers Grandsinge donne une place importante dans son travail à l'écriture. Œuvres sur la langue française, l'orthographe,œuvres faites de figuration et de sentences écrites, il privilégie l'écriture pour donner à l'œuvre un sens particulier, au delà de l'image née d'une technique très personnelle …

Bers dénomme cette technique "polyuréthane" . La technique naît de la réaction chimique différents produits dont la liste reste secrète. La réaction produit des ridules en relief qui semblent incluses dans le motif ... L'artiste donne ensuite couleurs à son oeuvre selon le sujet et son inspiration. La touche finale est donnée par les lignes noires, sinueuses qui cloisonnent les sujets et les objets et par les écritures …

En créant cette technique, Bers fonda "l'école de la débrouille" qu'il présente de la façon suivante. "La philosophie de l'école de la débrouille est basée sur l'utilisation des moyens du bord - matériaux de récupération notamment - aux fins d'obtenir un résultat positif. C'est l'art d'extérioriser nos qualités potentielles en cultivant l'esprit de la créativité.

Article de Sylvie Le Gall


Où tu vas nous mener, Méné ?

Ange Martial Méné est un jeune artiste plasticien de 24 ans. Il vit et travaille la matière - son langage - en Côte d'Ivoire à Abidjan.

Méné est à la recherche des origines de l'homme … S'interrogeant sur ces premiers hommes, il tente de se mettre dans leurs peaux, de ressentir ce qu'ils ont ressentis, et d'écrire comme ils ont écrits …
Il nous livre le sens de sa quête : " Le passé m'aide à refonder mon présent, à détecter tous ces maux et en faire prendre conscience modestement au monde "

Méné prend comme prétexte la peinture rupestre pour faire de ce langage visuel un mode d'expression de son temps.
La peinture rupestre des hommes préhistoriques est pour lui l'expression d'une écriture, écriture symbolisant un langage du cœur : ces hommes s'exprimaient alors en dehors de toute considération commerciale ou décorative.

Mais attention : Méné n'est pas un " peintre rupestre " ; il n'est pas un contrefacteur des chefs d'œuvres des premiers hommes.
Non : Méné nous conduit vers l'origine même de l'homme, de son expression plastique première et nous mène vers ce qu'il nomme " l'aspect originel de son art ".

Le besoin de l'artiste de travailler sur quelque chose de rugueux a été un des facteurs qui a amené l'artiste vers la " grotte ", la " terre " en tant que support … Dans sa pratique artistique, tout est grotte, tout est support : cartons, toiles …

Sur chacune de ces œuvres, la matière prédomine.
Fonds et formes constituent un tout dans cette dynamique de matières fusionnées : terre, kaolin, minéraux, jus d'écorces, collages …

Cette matière " originelle ", Méné l'utilise même lorsqu'il sort de sa " grotte " et choisit comme mode d'expression le graffiti.

Dans la continuité, l'artiste passe ainsi d'une écriture à une autre.

A travers le graffiti moderne, il nous conduit vers ses réflexions sur le quotidien de l'époque contemporaine ( œuvre " Politic Guerria "), sur la culture des médias ( œuvre " Maximum "), sur les maux de notre temps ( œuvre " Sida - Zena "), sur l'expression des jeunes de la rue ( œuvre " Robin ") …
Il dénomme d'ailleurs cette série d'œuvres " Society ".

Méné nous a déjà conduit de façon originelle et originale de la préhistoire à l'époque contemporaine …s'interrogeant sur l'homme et son devenir …

L'aventure d'une expression plastique et de matières ne fait que débuter … Où vas tu nous mener, Méné ?

Article de Sylvie Le Gall



Vincent Niamien aura raison

Ben a dit : Sankara avait raison, Malcom X avait raison, Vincent aura raison.
Par parenthèses : Ben est un ami de Vincent.
(Vincent Amian Niamien) : artiste designer ivoirien.
VA = Valeur Ajoutée
Niamien : signifie Dieu en baoulé.
vincent amian niamien : Dieu de la matière, des matières, du bois et du fer.
Son père était sculpteur.
Lui est loin des regards, le Stark africain : pureté des lignes, spiritualité des formes, sensualité de l'objet.
Il fait naître de ses mains ses chaises, inspirées de la société ancestrale, leur donne une âme hors du temps.
Il crée d'autres meubles, d'autres objets.
Objet d'art éternel entre art primitif et design contemporain
Objet d'art métisse entre l'Afrique et l'Occident, entre bois et métal.
Objet d'art né des mains et de l'esprit d'un artiste pris entre deux chaises.
Entre tradition et modernité : Vincent a déjà raison.
Vincent se qualifie d'artiste designer.
Aujourd'hui il s'ouvre vers d'autres médiums : décors, illustrations, logos, trophées.
Géni des formes et de la matière, artiste nomade, il sculpte et installe.
Le Feu sacré est en lui.
Vincent Niamien, homme de lien entre la France et la Côte d'Ivoire.
Il adule Beaubourg, symbole de la modernité. De tubes en extrême pointe dentelée de fer, il s'éprend de la Tour Eiffel.
Il a aussi en lui les formes africaines, formes de son enfance, images d'un village d'art et d'or.
Vincent ne pourra qu'avoir raison.
Niamien ira loin.
Et déjà, il pose la première pierre …

Vincent Niamien en France :

En résidence d'artistes à la Source (association La Source présidée par Gérard Garouste) près d'Evreux de janvier à mars 2002, Artiste designer ivoirien, Vincent Niamien, sera présent lors de la manifestation " Ecritures ".

Grand prix du design à la Biennale Internationale de Dakar en 1996 pour le fauteuil "Sie" présenté à l'exposition "Ecritures", Vincent Niamien exposera également l'une de ses créations récentes en métal : un trophée "Africa" sur lequel sont écrits les noms des différents pays d'Afrique.

L'obtention de la résidence et des financements a été gérée par l'association Ars Ante Africa.

Ars Ante Africa et Vincent Niamien remercient tout particulièrement l'AFAA (Florence Alexi) et La Source (Eric Dauga et Christian Gotti) pour, respectivement, le financement et l'obtention de la résidence.

Article de Sylvie Le Gall

Lire l'article Vincent Niamien dans ses meubles de Olivia Marsaud publié sur Afrik.com
Voir le site de Vincent Niamien : http://aaars.free.fr/niamien.htm


En savoir plus sur cette exposition :

Voir le site de l'exposition : http://www.aaars.net
Voir le diaporama du vernissage et des journées événements
Voir l'invitation
Voir la Revue de Presse de l'exposition

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